Utiliser un film au collège

mardi 1er novembre 2016
par  Laurie Corso


Enseigner le film au collège
Le document fiction en histoire : le procès de Klaus Barbie


par Laurie Corso



En amont d’un projet qui a pour but de faire découvrir les traces de l’histoire sur la Résistance et la déportation à Lyon, organisé par un professeur de français, nous avions décidé, afin de sensibiliser les élèves au sujet, de diffuser le docu fiction réalisé par France 2 sur la traque et le procès de Klaus Barbie. Ceci me permit d’introduire un nouveau genre télévisuel, autre que le film ou le documentaire cinématographique. Etant donné que nous avions visualisé dans un premier temps le film documentaire Nuit et Brouillard, nous avons pu établir un parallèle entre une réalisation faite rapidement après la fin de la guerre et un documentaire assemblé longtemps après engageant la responsabilité de la France. Toutefois, il n’est pas toujours aisé de proposer une activité pédagogique détaillée aux élèves car le volume horaire reste limité par rapport à l’ampleur du programme mais aussi par rapport aux contraintes des calendriers de chaque établissement. La diffusion du docu fiction s’est donc réalisé conjointement avec le professeur de français. Il m’a servi d’illustration lorsque nous nous sommes rendus sur les lieux de mémoire à Lyon.



I – Présentation du document fiction
Diffusion et réalisation :

Ce document intitulé « Un jour, Une histoire : Klaus Barbie, sur les traces d’un criminel nazi » a été diffusé par France 2 la mardi 10 janvier 2012 en prime et dure 1h46 min 28s. Il est ensuite suivi d’un second reportage complétant et élargissant la thématique sur « la traque des nazis ». Il s’inscrit dans un nouveau genre télévisuel le docu fiction, fortement exploité et produit par France Télévisions. En effet le 25 octobre 2011, France 2 diffuse également en prime « Apocalypse Hitler » ou encore au courant de l’année tout une série de documentaire présenté par Stéphane Bern « Secrets d’Histoire » que l’on retrouve pour des numéros spéciaux. Ces documentaires sont donc destinés à un large public ; celui de Klaus Barbie a rassemblé plus de 3 millions de téléspectateurs. Quelques sensibilités sur des scènes angoissantes peuvent toutefois heurter les plus jeunes, ce documentaire est donc interdit au moins de 10 ans.
La réalisation d’un docu fiction sur Klaus Barbie est une idée originale du présentateur-journaliste Laurent Delahousse. Il confia justement à ce titre dans un communiqué de presse « Le sujet m’intéressait depuis très longtemps. Ayant la chance de faire des documentaires depuis quelques années, j’ai proposé à France 2 il y environ 3 ans ce projet qui me tenait à cœur. Ma volonté en réalisant des documentaires, est de restituer un bout de l’histoire ou bien une histoire particulière en m’adressant au plus grand nombre ». Au-delà d’une curiosité intellectuelle, il se sentit investi d’une mission mémorielle puisqu’il déclare à nouveau « Le fait d’évoquer celui-ci dans un nouveau documentaire agit comme une piqûre de rappel. Il répond aux besoins d’entretenir le souvenir et de mettre en garde contre les pires dérives ». Après un travail de recherche conséquent, la réalisation propre du documentaire s’est étalée sur 15 mois.



Définition d’un nouveau genre télévisuel :
D’après mes recherches, il est difficile de définir clairement le genre télévisuel de ce documentaire sans poser des problèmes dans la sémantique des mots. En effet, dans les différents magazines télés tels que Télé Loisirs ou le Figaro TV, on peut trouver respectivement soit le terme documentaire soit le terme de docu info. En revanche le communiqué de presse fourni par la chaine productrice utilise l’appellation de docu fiction. Nous allons tenter donc d’apporter quelques éléments afin de définir l’ensemble de ces genres. Un documentaire ( ou film documentaire ) est un genre cinématographique ou télévisuel qui ne porte pas sur une histoire imaginaire mais sur des événements et des gens réels. De type informatif et didactique, il mélange les commentaires rétrospectifs et des documents authentiques. C’est le cas notamment de Nuit et Brouillard. Le docu fiction ( latin fictus : ce qui est mensonger ) reprend les caractéristiques du film documentaire mais introduit la fiction via la reconstitution c’est-à-dire que l’on recrée des scènes passées grâce à un jeu d’acteurs.



Etude et analyse
Le docu fiction se construit ici comme un récit documentaire. Tout au long du docu fiction, une voie off narre la complexité de l’arrestation de Klaus Barbie. Néanmoins en introduction, en conclusion et de temps à autres, le présentateur, filmé soit en plan rapproché soit en plan américain, est visible souvent pour servir de transition aux différentes idées qui rythment l’ensemble du documentaire. Plusieurs grandes problématiques, tournées en énigme par rapport à la mise en scène, n’hésitent pas à démontrer les fragilités et les erreurs de certaines grandes institutions face à l’arrestation de Klaus Barbie. En effet dès l’introduction, le présentateur remet en cause et engage la responsabilité du Vatican, des Etats-Unis et met l’accent sur les hésitations de l’engagement du pouvoir français sous les mandats présidentiels de Pompidou et Mitterrand. Ceci montre donc l’évolution progressive de la prise de conscience de la responsabilité de chacun face à l’Histoire de la Shoah et la non utilisation de la censure comme dans certains films documentaires ( Nuit et Brouillard ). La problématique générale sur l’arrestation de Barbie est donc complexe pour les élèves car il faut qu’ils parviennent à saisir pourquoi l’arrestation du SS a été si longue dans le temps. Il est vrai qu’au-delà d’une simple traque d’un nazi d’autres enjeux et une situation internationale délicate se superposent. Dans un contexte de guerre froide, Klaus Barbie devient utile aux Etats-Unis face à une traque des communistes. En revanche ses différentes tentatives d’arrestation et son arrestation à proprement parlé posent problème à la France qui cherche à reconstruire la nation ou à effacer le passé de quelques politiques. Roland Dumas rappelle que le président Pompidou ne veut pas « rouvrir la blessure entre les Français ».
Le reportage s’organise en séquences qui retracent l’histoire chronologique complexe de la vie de Klaus Barbie depuis la fin de la Seconde guerre mondiale jusqu’à son procès en 1987. Plusieurs idées émergent alors :
- Fin de la guerre et rôle auprès des Etats-Unis : Klaus Barbie fuit Lyon pour regagner l’Allemagne. Il n’est pas inquiété à la fin de la guerre, il continue à vivre en Allemagne avec sa famille. Dans un éveil d’affrontement idéologique entre les Etats-Unis et l’URSS, les services secrets américains recrutent Klaus Barbie afin d’infiltrer et d’espionner les zones soviétiques. Il devient agent du CIC ( counter Intelligent corps = armée secrète ).
- Eveil des différents crimes de Klaus Barbie et fuite de Klaus Barbie : L’ONU publie un rapport détaillant le nom des nazis responsables de crime de guerre. De plus, la France le recherche car il est nommé dans l’affaire de Caluire inculpant un certain Hardy. Ce dernier aurait livré Jean Moulin à la Gestapo. Mais les services secrets américains organisent sa fuite en faisant appel en Italie au père Draganovitch. C’est alors que Barbie, accompagné, de sa famille part en Bolivie aidé grâce à des faux papiers. Il prend alors le patronyme de Klaus Altman.
- Vie de Klaus Barbie et ascension sociale en Bolivie : Barbie travaille dans une scierie en Bolivie au milieu des Indiens et au service de juifs. En Bolivie, Klaus Barbie est sollicité par les services secrets allemands qui s’intéressent à la situation diplomatique en Bolivie. Progressivement il se rapproche du pouvoir et devient conseiller des différents dictateurs qui se succèdent dont Barrientos et Banzer. En parallèle, la France continue à le réclamer en vain d’autant plus que dans les années 1960, Jean Moulin entre au Panthéon. 
- Traque de Klaus Barbie par Serge Klarsfeld puis intervention du pouvoir sous Mitterrand : Serge et sa femme Beate Klarsfeld se lancent dans une traque des nazis. Ils découvrent l’histoire des enfants d’Izieu et décident d’en rechercher l’auteur. Devant un immobilisme des pouvoirs publics, ils informent la presse. Serge Klarsfeld, accompagné de Régis Debray, se rend en Bolivie. Ils élaborent un plan de kidnapping aidés par le journaliste exilé Gustavo Sanchez. Toutefois, la tentative d’enlèvement échoue à cause d’un accident.
- Arrestation de Klaus Barbie : Après un changement de pouvoir en Bolivie qui accueille le président socialiste Siles Suazo, le nouveau dirigeant décide d’accepter la demande d’extradition de la France réclamée de nouveau par Mitterrand au nom du principe de crime contre l’humanité.
- Klaus Barbie en prison et procès : Klaus Barbie est d’abord enfermé à la prison de Montluc en attendant son procès. Mais l’aisance des prises de photos au dessus du fort oblige la justice à le déplacer vers la prison Saint Joseph. Les parties civiles se constituent, les juges organisent des confrontations. Verges le défend. Toutefois, le coupable décide de ne pas assister à son procès. Il est condamné pour crime contre l’humanité et 340 autres chefs d’accusations.
Plusieurs notions, plus ou moins implicites sont abordées dans le développement de ces idées : mémoire, devoir de mémoire, témoignage, lieu de mémoire, crime contre l’humanité, interprétation et mise en scène historique, panthéonisation. En classe, il appartient au professeur de les faire émerger et d’apporter une explication et un accompagnement pédagogique aux élèves.
 


 


II – La mise en scène de l’Histoire
Une volonté s’appuie sur une compilation foisonnante de documents pour illustrer chaque idée et explication présentée. En effet lors d’une consultation quelconque, les documents servent d’information, de preuve et de trace. On distingue plusieurs sortes d’archives :
- Les archives audiovisuelles : les images filmées en caméra absente où la caméra est dissimulée employant souvent le télé objectif filmant à l’issue des gens ( port de Gênes, Berlin au lendemain de la guerre ), les images filmées en caméra non participative c’est-à-dire une caméra présente mais discrète qui ne modifie pas le comportement des gens ( procès de Nuremberg ou procès de Klaus Barbie ), interview par des journalistes ( interview de Barbie par Ladislas de Hoyos à La Paz ou Carlos Soria dans l’avion qui le ramène en Guyane puis à Lyon )
- Les images fixes : photographie, microfilm
- Les archives écrites : document d’identité ( document d’identité de Barbie et sa famille fourni par le père Draganovitch pour la fuite en Bolivie ), document officiel ( CIC ou liste des nazis dressée par l’ONU, les journaux ( Une du journal l’Aurore sur la découverte de Barbie par les Klarsfeld ).
Si le docu fiction utilise autant de documents c’est qu’il cherche à légitimer la démarche scientifique et à obtenir une authenticité historique auprès du téléspectateur voire des scientifiques. Laurent Delahousse n’hésite pas dans ses commentaires en voie off, à faire référence à la preuve dénonciatrice afin de confirmer son argument lorsqu’il évoque par exemple l’achat d’un bateau par la Bolivie ; « Comme l’atteste ce décret… ».
Cette volonté de légitimer l’Histoire se retrouve également par la participation de nombreux témoins directs ou indirects de l’affaire Klaus Barbie. On peut également placer ces acteurs en fonction de leur rapport avec l’ancien chef de la Gestapo mais cette liste n’est pas exhaustive car les personnes interrogées sont nombreuses :
- des victimes de Klaus Barbie durant la Seconde guerre mondiale à Lyon : Raymond Aubrac ( ancien résistant et victime de Klaus Barbie ), Simone Lagrange ( victime de Klaus Barbie ), Robert Badinter ( fils d’un déporté issue d’une rafle organisé par Klaus Barbie à la rue Sainte Catherine ), Marcel Stourdze ( victime de Klaus Barbie ), Hélène Berthaud ( victime de Klaus Barbie ), Claude Bloch ( victime de Klaus Barbie ), Alexandre Halaunbrenneur ( parent de victime de Klaus Barbie lors de l’arrestation des enfants d’Izieu ), Simone Percet ( témoin direct de l’arrestation de Caluire )
- Fuite et sa vie en Bolivie : Gustavo Sanchez ( journaliste puis vice président de l’Intérieur en Bolivie ), Alvero de Castro ( homme de confiance de Klaus Barbie ), Carlos Soria ( journaliste ),
- Les acteurs de sa traque : Serge Klarsfeld ( chasseur nazi et avocat des partis civiles au procès de Klaus Barbie ), Raymond Césaire ( ambassadeur de France ), Ladislas de Hoyos ( journaliste ), Christian Van Ryswyck ( son cameraman ).
- Les acteurs de son procès : Roland Dumas ( proche de Mitterrand , Jean Olivier Vouit ( Magistrat ), Jacques Verges ( avocat de Klaus Barbie ), Jacques Vedrinne et Daniel Gonin ( experts psychiatres de Klaus Barbie ), Chritiane Levrat ( 1e jurée du procès de Klaus Barbie ).
Ces témoignages sont accompagnés d’explications et d’interprétations d’historiens qui renforcent cette légitimité historique voulu par le document fiction. On peut citer Olivier Wievorka, François Dupaire ou encore Fabrice D’Almeida. Ceci montre qu’il est encore nécessaire de construire l’Histoire malgré encore la présence de témoins mais aussi de démontrer que l’Histoire ne s’arrête pas là qu’elle est complexe.
Toutefois la réalisation dans un contexte médiatique accru, ne prend pas seulement en compte une vérité historique mais cherche en parallèle à répondre à une obligation financière et à donner un spectacle afin de réaliser de l’audience. Se pose alors la question de l’esthétique car le but est de rendre attractif, attrayant des documents d’archives au départ relativement austères et sans intérêt pour un large public. De plus on a recours à une bande son angoissante, des adaptateurs, des dialoguistes qui intrigue à outrance le sujet tel un film policier alors que l’on en connait déjà l’issue. En effet, un docu fiction cherche à émouvoir et surprendre le spectateur par des procédés cinématographiques choix du son, des mises en scène qui suscitent le suspens. Celui de sur Klaus Barbie est construit tel une enquête policière. Cette idée est confirmée lors de l’interview du cameraman de Ladislas de Hoyos « C’était une enquête policière ». Lors de quelques interviews de témoins, on a une mise en scène d’un véritable clair-obscur. En effet le témoin filmé en plan rapproché est mis en lumière alors que le décor qui l’entoure est plongée dans une grande obscurité afin d’augmenter la part de suspens et de mystère. L’archive écrite ou l’image fixe sont mises en scène grâce à des plans horizontaux afin de faire défiler le plus de preuve. La distance focale est elle aussi utilisée afin de mettre en évidence certains éléments précis.



L’intégration de la fiction et la mise en scène de l’Histoire :
Comme nous avons pu déjà l’aborder dans la tentative de définition du genre, le docu fiction intègre entre les nombreux documents d’archives des images de fiction uniquement issue d’une reconstitution pour la réalisation de ce projet. Lors de scènes filmées, on ne découvre jamais le visage des acteurs mais uniquement une partie de leur corps ( des mains, un buste ) dans le but d’entretenir le mystère, le suspens et la recherche de l’angoisse chez le téléspectateur. Par exemple, lors de la reconstitution d’une déposition de Klaus Barbie, on ne voit uniquement les mains de l’acteur tapant sur une vieille machine à écrire. La narration s’arrête pour laisser place au dialogue des acteurs.
Les images de fiction reposent également sur la prise de vue actuelle par une caméra des lieux de mémoire. En effet on peut citer la maison du médecin où a été arrêté Jean Moulin, la prison de Montluc… Ces images de fiction utilisent beaucoup la variété de la technique cinématographique toujours pour les rendre attrayants. On peut citer à nouveau l’utilisation de la distance focale plutôt en macro ( caméra rapprochée ) , travelling ( mouvement de caméra )… Ces images de fiction ont un rôle précis. En effet, elles servent à pallier au manque d’images d’archives dans certains domaines. Ce choix artistique répond à un besoin du monde actuel, inondé par l’image, de cette nécessité de voir et se représenter un événement historique. Bien que manifestant un souci de réalisme, ces images de fiction jouent aussi avec l’imaginaire du téléspectateur. Par exemple, on montre à plusieurs reprises des images de fenêtres de l’Elysée ou de Matignon afin de laisser le téléspectateur imaginer Mitterrand, Malraux en train d’écrire son discours. Deuxièmement, il existe des montages afin de mettre en évidence le point de vue de l’une des victimes. Par exemple, la caméra défile sur la rampe lorsque Jean Moulin est arrêté par Klaus Barbie simulant le regard du résistant lors de sa descente dans les caves des bureaux de la gestapo.
Ces images de fiction se mêlent aux documents d’archives. En effet plusieurs montages qui relèvent plutôt d’un souci d’esthétique et d’illustration recherchent le réalisme. On peut citer Jean Moulin se retrouvant sur le mur de la prison, Klaus Barbie dans une porte entre ouverte ou encore Mitterrand regardant par la fenêtre.
 Un rôle didactique
Le docu fiction étant destiné à un large public montre un réel souci didactique et pédagogique à l’égard des téléspectateurs. L’ensemble des idées sont écrites simulant à chaque fois une vieille machine à écrire. Il existe des cartes afin de situer au mieux certains trajets comme l’arrestation de Jean Moulin ou encore le parcours de la traque en Bolivie. Enfin lors de l’utilisation d’un document d’archives audiovisuelles, le réalisateur n’hésite pas à faire des arrêts sur images afin d’écrire le nom du personnage présenté. On peut citer en exemple Hardy, le dictateur Barrientos ou les nazis poursuivis et filmés par les Klarsfeld.
 La mise en scène de la Shoah dans la docu fiction : l’exemple de la maison des enfants d’Izieu :
Le terme Shoah n’est pas prononcé dans ce reportage. Après une analyse approfondie du montage, on comprend que la Shoah reste un fil conducteur implicite. Le docu fiction commence ( en voie off ) et se termine ( gros plans sur les témoins ) par une allusion aux crimes de Klaus Barbie et à l’horreur qu’il a perpétré durant son service à Lyon. On peut entendre les phrases suivantes : « Barbie, c’est un tortionnaire, c’est un sanguinaire », « C’est une bête sauvage », « on ne voyait pas un homme, on avait l’impression qu’une bête féroce entrait dans une cellule. D’ailleurs c’était la terreur », « Il hurlait, pour moi c’est l’horreur », « Il incarne la nuit, le noir, le mal. Le mal a l’état pur ». De plus, on retrouve à plusieurs reprises, toujours au début du docu fiction, les différents crimes contre l’humanité et la participation de Klaus Barbie à la Shoah. D’une part, on rappelle les motivations de celle qui a tenté d’abattre Klaus Barbie à son retour en France ( toute sa famille a été déportée sauf elle ). D’autre part, le présentateur énumère les raisons qui sont à l’origine de la traque et l’arrestation de Barbie : rafle de la rue Sainte Catherine le 9 février 1943, rafle des enfants d’Izieu le 6 avril 1944, la rafle de Saint Claude le 9 avril 1944.
Un épisode concret est cependant développé dans le documentaire. La maison d’Izieu était une colonie d’enfants juifs située à proximité de la Suisse. La Gestapo arrête les 44 enfants qui sont déportés dans un premier temps à Drancy puis à Auschwitz. Néanmoins l’évocation de la rafle des enfants d’Izieu ne fait pas l’objet d’une partie du documentaire mais se retrouve à différents moments de l’exposé. La mise en scène de cet événement tragique reprend tous les codes de la technique abordés précédemment : témoignage, fiction, documents didactiques, article de presse, document officiel. En revanche, il n’existe probablement que très peu d’archives concernant ces enfants d’où leur non utilisation dans le documentaire. Le reportage se clôt tout de même sur le devoir de mémoire exprimé par Robert Badinter envers ces enfants. Ceci permet également d’appuyer cette notion de crime contre l’humanité.
 Critique du reportage
Ce reportage, bien qu’extrêmement fouillé et méticuleusement monté, peut être critiqué par certains aspects. D’une part, il pose la question de l’objectivité et de la subjectivité. En effet, le montage des images et les commentaires apportés résultent d’un point de vue subjectif sur le sujet, des choix et les moyens du réalisateur ne respectant pas la distance théorique avec le document.
D’autre part, l’utilisation de l’image et de l’archive est excessive répondant plutôt à une démarche journalistique. On retrouve, en construisant un parallèle avec la presse à scandale d’alors, des images chocs soit artificielles ( opposition d’un photo de Klaus Barbie et de Jean Moulin ) soit réelles ( Beate Klarsfeld giflant le chancelier allemand). De plus face à une telle utilisation de l’image, on peut se poser la question de leur authenticité et de leur justification dans le montage du docu fiction. En effet, surtout pour les prises en caméra absente levées de tout contexte, nous ne sommes pas sûrs qu’elles correspondent à la période qu’elles illustrent.
Enfin, ce reportage raconte la traque exclusive d’un homme ce qui nécessite de nombreux documents le représentant. N’est-ce pas là créer, malgré les bonnes intentions dénonciatrices de l’horreur, un héros voire un anti héros. Simone Lagrange évoque déjà ce problème lors du procès de Barbie. Elle reproche aux hommes d’avoir trop pris soin de son bien-être, de sa personne.


 Conclusion
L’étude de ce docu fiction n’est pas exhaustive. En effet, face à une telle richesse et complexité de ce documentaire, il a fallu que je choisisse des axes précis pour mon étude. Ainsi afin de confirmer cet argument, la diffusion dans son intégralité en classe n’est donc pas judicieuse. Ce docu fiction nécessite en amont un choix d’images pour une utilisation concrète et une exploitation en classe de 3e. Il présente un double intérêt. Il permet, non seulement, d’éduquer les élèves à l’image, absolument nécessaire dans le contexte dans lequel nous vivons, mais aussi de les amener à réfléchir à une problématique historique sur la longue durée.