Oliette nous a quitte

mercredi 30 septembre 2020


Juliette Fellous etait un pilier de notre association, elle nous a quitté il y a quelques jours. Son ouvrage "Oliette dans la tourmente" raconte un peu sa vie.


Quelques mots du bureau d’Ares :


Marie-Antoinette Pastor "Quelle tristesse que le départ de notre chère Juliette !
Ce fut un vrai petit soldat, une femme courageuse, battante et droite. Elle aimait la vie et nous en a donné un si bel exemple. Je l’appréciais beaucoup et j’avais pour elle, une affection toute particulière.
Le soir de son décès, j’ai senti le besoin de relire « Oliette », comme pour m’en rapprocher un peu. Je remercie le ciel de m’avoir donné l’occasion de la connaître.
Jean d’Ormesson disait : « Il y a quelque chose de plus fort que la mort, c’est la présence des absents, dans la mémoire des vivants ». Parler d’elle, ne nous la fera pas oublier.


Quelques mots de Michele Hassoun


Le 2 Novembre 2020, Juliette “Oliette” aurait fêté son 92ème anniversaire…
Le lendemain, l’Association ARES, sous l’impulsion de mon amie Renée Dray-Bensousan, et de son équipe, lui a rendu un vibrant hommage.


“Lily”, “Juliette”, “Juju” est née le 1er novembre 1928 à Paris.
Issue d’un milieu aisé de la bourgeoisie parisienne, sa petite enfance est heureuse. Des vacances à Nice, à Aix Les bains… C’est à Aix qu’elle entendra la déclaration de la Guerre…
Ses parents quittent alors Paris pour se rendre à Marseille puis un second exode l’amène à Pertuis en 1943.
A l’âge de onze ans, après avoir lu « Les petites reporters », elle décide de devenir elle même un petit reporter. Elle décide alors de commencer ses reportages sous la forme d’un « Journal », qu’elle enverra l’espère t-elle à un journal à la fin de la guerre…
Voilà comment est né « Oliette dans la tourmente », un témoignage poignant, emprunt de sensibilité et d’une incroyable force pour une petite fille de son âge…
Elle le terminera quatre ans plus tard, en 1945, au retour des camps de sa maman. Son journal se termine par la phrase : « Elle –maman- m’attire contre elle, sourit dans ses larmes et ne peut que répéter : Oliette, ma chérie, ma petite maquisarde ! »…
Quelques années après la fin de la guerre, Juliette apprendra le sort de sa tante Olga et de son oncle François qui étaient partis dans le convoi 64 de Drancy pour Auschwitz. Deux jours après le jour de leur arrivée le 6 février 1944, ils ont été gazés. (L’oncle François avait fait confiance à un bijoutier à qui il avait confié ses diamants. C’est cet homme qui a « vendu la famille », et qui finalement a été tué par les Allemands).


Quelques années plus tard, le 22 mai 1950, elle a vécu un grand moment, une revanche sur la vie. Cette petite fille qui s’est cachée pendant des mois et des années, elle dont la famille a été déportée et où seule sa maman est revenue, la voilà élue Reine des Fêtes de Pertuis, pour le premier Corso de la ville le 4 juin 1950… Elle avait alors 22 ans.
Elle épouse cette même année André Armelin et donne le jour à une petite fille qui décédera après un peu plus tard. En 1954, un petit garçon nommé Marc arrive enfin.
Après son divorce en 1956, Juliette revient sur Marseille… En 1959, elle rencontre Georges Aguitton qui sera son compagnon jusqu’en 1979, date de son décès.
Dés lors, Juliette se tournera vers la vie associative…. (Ligue des Droits de l’Homme, Association pour la lutte contre les sectes, puis l’association Mourir dans la dignité)
En 2003, 3 ans après mon installation à Marseille, c’est dans une association que je la rencontre. Une amie, Marlène Guedj, m’a emmenée à une réunion d’ARES (Association pour la Recherche et l’Enseignement de la Shoah) et m’a présenté Juliette.
Marlène connaissant mon parcours dans l’édition m’a proposé de rééditer le livre de Juliette « Oliette dans la tourmente »…
Ca a été le début d’une longue et indéfectible amitié qui a duré jusqu’à son décès. Les moments que nous avons passés ensemble sont inoubliables. Même après mon départ pour Israël en 2006, je lui rendais visite à mes nombreux voyages à Marseille pendant des années.
Mon seul regret est de ne pas avoir pu la voir, lors de mon dernier voyage dans le sud avec les rescapés de l’Exodus en 2018. Mais nous sommes restés en contact toutes ces années très régulièrement soit par téléphone soit par mail… Et je recevais mes brins de muguet à chaque 1er mai… Elle ne l’oubliait jamais.
Nous avons bavardé pour la dernière fois au téléphone quelques semaines avant son départ… Jamais sans se plaindre, beaucoup d’élégance, toujours à l’écoute, avec beaucoup de tendresse et de douceur, ces conversations je ne les oublierai jamais…


Juliette s’est éteinte comme elle avait vécu : dans une immense dignité et une si grande tolérance.
Je pense à Marc aujourd’hui et à Nans… L’amour qu’elle a porté à son petit fils Nans était sans bornes. Ils étaient tous les deux sa raison de vivre.


Tu me manques ma Juju, repose en paix…